Tous les savoirs ont une histoire et un avenir.
Où, mieux qu’à l’école, peut-on sensibiliser les futurs citoyens que sont
les élèves à cette idée ?
Leur faire vivre des rencontres, des moments de
réflexions et d’émotions à la rencontre de ce qui constitue les fondements
de l’humain : la culture partagée.
Rencontre avec l’Opéra
Les Jeunesses Musicales, association fortement active dans le domaine de
l’éducation musicale a organisé une rencontre entre enfants et
chanteurs... d’OPERA. L’idée était de proposer une représentation unique à
l’Opéra de Wallonie en préparant les enfants à accompagner certains chants
des acteurs. Ce projet, audacieux, offrait aux enfants d’ouvrir leur culture
musicale à une discipline peu appréciée car peu connue.
Une animatrice (maman d’élève) est venue répéter quatre chants tirés de
l’oeuvre “The Fairy Queen” avec les enfants âgés de 6 à 12 ans.
Ces derniers savaient qu’ils allaient interpréter ces morceaux en compagnie
des chanteurs lors de la représentation. Nous avons pu apprécier les tours
de force que cette maman employa pour faire chanter juste des voix à la mue
naissante ainsi que des petites “crécerelles” affirmées. Toutefois, le plus
remarquable fut l’évolution des perceptions des enfants face à l’art
lyrique.
La gêne et le recul face à cette pratique inconnue firent place à des
réactions du type : “ Chouette, on répète la quatrième, c’est celle que je
préfère” ou encore “ On entend vraiment qu’ils sont tristes ! Est-ce qu’on le
fait aussi bien ? ”
Quand le jour de la première arriva, les répétitions prirent tout leur sens.
Il faut vivre un choeur de quelques 300 enfants interprétant, face à un vrai
chef d’orchestre, quatre chants avec des acteurs aux rôles inversés...c’est
à dire devenus spectateurs.
Les charbonnages : une vieille histoire ?
En matinée nous étions allés visiter la mine de Blegny. Visite
extraordinaire accompagnée d’anciennes “gueules noires” jouant aux “Porions” pour l’occasion. Toutefois, voulant éviter l’aspect anecdotique de cette rencontre nous avions proposé l’activité suivante quelques jours au
préalable : les enfants ont été disposés en groupe d’âges différents (des plus jeunes, des moyens et des aînés). Chaque groupe a reçu cinq extraits de documents différents présentant la vie des mineurs entre la fin du XIX° et le milieu du XX°.
L’aîné a dû les lire au groupe pour que tous les enfants entendent les
informations puis inventer une histoire à théâtraliser.
Après les présentations, nous avons parlé de leur ressenti et presque tous
se seraient bien vus.... mineur. Ils étaient prêts !
Quand nous sommes sortis de la cage, les visages étaient plus solennels que
sur la scène, deux jours avant. Les commentaires et les questions étaient
empreints de gravité. Et il n’en restait plus guère pour exercer cette
activité...
Nous avions aussi demandé que les enfants en parlent à la maison. La prise
de conscience que les charbonnages font partie intégrante de notre culture
est alors sautée aux yeux. De près ou de loin, on retrouvait un membre de
presque toutes les familles ayant travaillé pour ou dans la mine.
Voilà comment nous sommes passés de la “leçon de choses” à la mise en place de savoirs ancrés dans la culture.
Et ce n’est pas fini !
Enregistrer une chanson
Écouter des chansons et des musiques destinées aux enfants fait partie du
quotidien de nombreuses classes. Créer un texte et le faire aboutir par
l’enregistrement d’un disque est moins courant, c’est le moins que l’on
puisse dire. Là encore, la culture est venue ancrer les savoirs,
cette-fois-ci par le biais de Christian Merveille, Vincent Van Sull et
Thierry Vassias.
Le Centre culturel de Floreffe a proposé à deux implantations, Buzet et
Soye [1] d’entrer dans ce projet superbe de faire rédiger puis d’enregistrer une chanson avec l’aide de professionnels reconnus dans le domaine.
Là encore, les représentations ont basculé car écrire une chanson, cela
demande une grande rigueur ! Et quand c’est Christian, Vincent et Thierry qui
le font vivre, cela prend tout son sens. “On ne dit pas n’importe quoi, on
doit respecter les douze pieds, la sonorité doit être agréable....”
La rigueur de la production prenait le pas sur une exigence uniquement
scolaire et puis, les mots que l’on devait choisir allaient vraiment être
enregistrés !
Et pour conclure
Ces expériences vécues confirment une de nos pensées :
les savoirs scolaires doivent être “réenculturés” et prendre place dans une
trame plus large que celle tissée par la seule école. C’est de cette façon,
nous semble-t-il que les enfants grandiront dans l’intelligence des choses
et des hommes, qu’ils deviendront des êtres humains conscients, critiques
et, espérons-le, solidaires !
L’équipe pédagogique de “la Maison des Enfants”