De la leçon de gym à une activité d’éducation physique.
(Quand la coopération entre enseignants entraîne la coopération entre élèves)
Introduction
L’image du « prof de gym », qui vient driller les enfants, les faire
« écouter », voire jouer le « garde-chiourmes » lors des excursions n’est pas
révolue. Et c’est dommageable. Les sciences, qu’elles soient humaines ou
autres ont montré à profusion que le développement d’un être humain passait
certainement par l’exploration de son corps, de l’espace qui l’entoure et
des limites conséquentes.
Pourtant, l’école a pris comme habitude de rendre complètement
indépendants les apprentissages les uns des autres.
Si, a fortiori, ceux du type scolaire sont déjà séquencés, envisager une
interaction avec les cours d’éducation physique, peut être qualifié de rare.
Et pourtant...!
L’activité dont la description va suivre s’est déroulée à la Maison des
Enfants (école communale de Floreffe).
Le caractère rural de l’implantation impose de grouper les élèves de 9 à 12
ans pour réaliser les activités d’éducation physique. Le local dont dispose
l’enseignant est, de surcroît, une salle des fêtes (avec bar, cuisine et
scène de théâtre....)
Quand la salle de gym devient laboratoire…
Le professeur d’éducation a conçu un parcours varié reprenant les éléments essentiels de l’appareil circulatoire.
L’activité est prévue en deux temps :
1° Présentation rapide des principaux éléments théoriques permettant aux enfants de donner un sens aux exercices futurs.
2° Découverte et exploration du parcours.
(parcours actif avec exercices, rôles différents, ...)
Les enfants vivent celui-ci et sont invités à verbaliser les éléments qu’ils ont
intégrés. Une régulation est alors opérée par l’adulte qui infirme, confirme, apporte des éléments nouveaux…
Quand la classe organise la circulation…
L’instituteur organise une formalisation de l’expérience physique et
corporelle que viennent de vivre les élèves. Celle-ci se passe en plusieurs
étapes rigoureusement suivies. Construire le savoir autour de notions aussi peu « visibles » demande patience et longueur de temps plutôt que force et que rage. Festina lente !
A. Seul, pour vous, dessinez sur une feuille de brouillon le parcours de
gym.
Ajoutez des mots qui expliquent.
B. Les enfants sont alors groupés par trois. Les groupes ont été formés
préalablement par l’adulte.
Consigne : En trios, comparez vos productions et dessinez un seul schéma
pour le groupe.
C. L’adulte propose alors 4 documents différents qui présentent le cœur et
le fonctionnement du système sanguin.
Consigne : Prenez connaissance des documents et ajoutez le plus
d’informations possibles.
Contrainte : un document par groupe avec changement de documents toutes les
15 minutes.
D. Présentez votre affiche à l’ensemble des élèves.
Et puis, il faut faire sien ce que l’on vient de vivre. Et là encore, pas question de créer une rupture dans la cohérence. Donc pas d’interrogation, mais bien cinq ateliers pour formaliser les recherches et organiser les traces d’apprentissages.
Individuellement,
a. expliquez en 30 mots le fonctionnement général de la circulation sanguine.
b. recopiez l’affiche sur une feuille A3.
c. écrivez quatre faits extraordinaires que vous avez entendu lors des
exposés.
d. rédigez un cadre de texte sur le sujet.
f. regardez l’extrait de l’émission « Les sorciers ont du cœur » et
comparez les informations avec ce que vous savez déjà.
Conclusion :
Une analyse en profondeur de l’impact cognitif de cette activité pourrait
être menée. Nous pensons que ce n’est pas le lieu pour le faire.
Par contre, quelques indices et observations sont lourds d’enseignement.
Les enfants :
– se sont posés des questions auxquelles ils ont tenté de répondre.
– ont produit des éléments de formalisation différents. Cela permet une mise
en mémoire très efficace.
– ont vécu une coopération dans l‘apprentissage. Aucun d‘eux n’a été exclu ou
jugé incompétent tant en gymnastique qu’en classe.
– ont vécu un va et vient entre des moments d’action ( parcours de gym,
production d’affiche, ...) et des moments de représentation. Ce vécu est
indispensable pour qu’un apprentissage soit efficace.
– ont très peu été confronté au discours magistral.
Il nous a semblé aussi qu’un élément d’analyse intéressant pouvait venir des enfants
eux-mêmes : voici quelques exemples de leurs réactions (ci-dessous)
Jean-François Legrand (Professeur d’éducation physique)
Jean-François Manil (Instituteur)