Racines de paix chez nous.
« La paix ne se décrète pas. Elle se construit et se renforce au travers nos faits et gestes quotidiens. »
Cette décennie (2000-2010) a été déclarée décennie de la culture de paix par l’Unesco. Peu de monde en est conscient. Et pourtant ! C’est bien le moment de le hurler, au moins, de poser des actions, au mieux. Mais pour ce, il nous incombe de la construire et la tâche n’est pas aisée.
On serait tenté en première lecture de l’opposer à la culture de guerre dont les images nous viennent rapidement à la conscience. Je ne crois pas que cela soit efficace car l’opposer reviendrait à déclarer un nouveau conflit.
Il s’agit plutôt d’évoquer les mécanismes qui conduisent à la paix et à sa sauvegarde plutôt que de fustiger ceux qui conduisent à la guerre puis de moraliser. Il s’agira de surcroît d’inventer des actes et paroles inhabituels, étonnants et de les faire vivre parce qu’une culture de paix ne peut se contenter de « credo », de professions de foi, de recettes qui paraissent évidentes. Il nous faut faire évoluer les habituels : « Faire la paix, c’est dire bonjour aux vieilles personnes. C’est être respectueux…C’est saluer le monument aux morts…. », réalités incontournables, mais trop souvent empreintes de jugements de valeur.
La paix doit inciter les citoyens à entrer dans une vision du monde moins manichéenne et les pousser au débat, leur permettre d’opposer des idées et arguments plutôt que des croyances. Ces dernières étant fondatrices de l’homme, on ne peut pas les opposer sous peine d’organiser la guerre. L’Histoire en est témoin.
« Dans un débat, c’est bien car on essaye de convaincre les autres sans provoquer la guerre. On reste amis en n’étant pas d’accord » L’enfant de 11 ans qui a écrit ces quelques lignes naïves a tout compris. J’espère qu’il fait partie de nos futurs dirigeants.
Cette incitation pourrait par ailleurs participer à la prise en main par les citoyens de leur propre destin. Le fatalisme et l’attentisme doivent être eux, paradoxalement, combattus pieds à pieds autant que les germes de guerre, souvent nombreux, mais pas assez identifiés. L’état de paix ne va pas de soi certes, mais l’état de guerre prend des formes parfois fort discrètes et, qui plus est bien vivaces et peut-être plus particulièrement là où « tout va bien ». Et pour nous, « tout va bien » ! Tellement bien que l’on tue pour un ipod et que l’on abat par fanatisme. Et pourquoi ?
Nous sommes, nous et nos enfants, le champ de bataille d’une guerre discrète et insidieuse dont l’objet nous dépasse et est appelé : la croissance ! Cette croissance, dont on nous fait une présentation angélique et bienfaisante sous-entend une logique de consommation qui nous emmène dans un train fou. La consommation des uns étant toujours soutenue par l ‘impossibilité de consommer des autres. (En temps qu’enseignant, je dirais aussi « La réussite des uns étant créditée par l’échec des autres »)
Ce processus ayant pour conséquences « macros » l’appauvrissement de peuples et de ressources et « micros » des faits de violence extrême abondamment commentés à ce jour.
Que nous reste-t-il pour réagir ? L’espoir et la confiance dans un pouvoir législatif ? L’espoir et la confiance dans un système éducatif ? L’espoir et la confiance dans un système répressif ? Peut-être, c’est selon. En revanche, ce qui est sûr, c’est que construire la paix est une urgence, une nécessité et qu’elle est à notre portée.
Mais, je radote ! D’autres que moi l’ont déjà dit et mieux !
Jean-François Manil
Instituteur, auteur pédagogique, formateur.