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Le site du Groupe belge d’Education nouvelle.

8. Au coeur de la géographie, la création
Article mis en ligne le 1996
dernière modification le 26 juillet 2020

par Charles Pepinster

Pour que la géographie soit un instrument de transformation et non pas simplement un ornement de l’esprit.

Je reviens d’une ville située sur la Moscowa !
Une vingtaine de participants (certains ont effectué 42 h de trajet depuis leur Caucase natal jusqu’à la capitale).
Tous des profs. Ils se sont décidés ce matin là à vivre une démarche d’éducation nouvelle intitulée "LA VOLGA".
Et d’excellents interprètes...

CONSIGNE DONNEE A MOSCOU

Groupez-vous librement par 4 ou 5
"Prenez une ficelle et disposez-la sur une grande feuille pour qu’elle représente la Volga.
Vous disposez de pâte à modeler, de bouchons, de peinture et pinceaux, de marqueurs de couleur etc, et d’atlas.
Il faut qu’un étranger puisse dire, dans une demi-heure, en voyant votre ficelle : "c’est la Volga ".

Vous devez donner le plus d’indices possibles, vous pouvez tout écrire... sauf le mot "Volga "
Y a-t-il des questions ?"

Après une dizaine de minutes de travail libre, je visite les différents groupes et je relève à haute voix tous les indices non strictement géographiques : " Ah, vous avez fait une barque ! Et vous avez écrit des notes de musique ... Vous multipliez bien les indices, cherchez encore. Pour vous la Volga évoque quoi ?"

SOCIALISATION

Les réalisations sont posées au sol ou sur une table et les participants les examinent à loisir.
Ensuite on observe chaque maquette dont les auteurs restent obligatoirement silencieux. Les autres relèvent les indices qu’ils découvrent.
"Une arête de poisson montre que la mer Caspienne est polluée, conséquences sur l’industrie, le tourisme. Des monuments historiques rappellent des faits du passé. On évoque les légendes, les langues, l’art culinaire. Les centrales nucléaires sont représentées. On voit des affluents, le delta, la pente, des villes arrosées ."

ANALYSE

Au fur et à mesure que les groupes citent les domaines influencés par la Volga, je note ceux-ci au tableau, si bien que quand toutes les réalisations ont été passées en revue, plusieurs paramètres supplémentaires sont encore repérés par le grand groupe .

On souligne ainsi : aspect législatif, religieux, architectural, politique...
Les stagiaires manifestent ici une forme d’autosatisfaction : étonnement devant la supériorité du travail de groupe sur le travail individuel dans ce cas-ci.

SYNTHESE

En grand groupe, on cherche les liens les plus forts entre la géographie et les autres branches de la culture.
On relève en particulier les rapports étroits entre

 la géographie et l’économie
 la géographie et l’histoire
 la géographie et la littérature
 la géographie et les mathématiques
 la géographie et l’art
 la géographie et la langue...

RELANCE. RUPTURE

Pour illustrer les liens entre les différentes disciplines, je propose 3 questions auxquelles on répondra en groupes pendant vingt minutes :
 A qui appartient la Volga et qui s’en sert comme un propriétaire ?
 Comment sera la Volga dans 50 ans ?
 Que pouvez-vous faire professionnellement pour la Volga (ou pour le fleuve dans le lit duquel... se trouve votre école ) ?

RÉINVESTISSEMENT
(possible surtout en structure scolaire)

Après avoir constitué quatre groupes refondus, chaque groupe est chargé d’un travail collectif à me remettre dans un mois :

1. L’histoire de la Volga
2. La pollution de la Volga
3. Les arts au bord de la Volga
4. Légendes, chansons, poèmes, dialectes, folklore, art culinaire des régions traversées par la Volga .
5. Que faire pour sauver la Mer Caspienne dans laquelle se jette la Volga ?

Exigences :

  • Travail de 4 pages dactylographiées
  • Références bibliographiques
  • Une présentation originale au grand groupe (diapositives, cartes, musique...)
  • théâtralisation, interviews, enquête... au choix)
  • première mise au point dans 8 jours

THÉORISATION

Des ruptures apparaissent ici par rapport à la manière habituelle d’apprendre la géographie :
 agir en coopération pour résoudre un problème concret
 exprimer ses découvertes aux autres
 réinvestir de manière créative à l’aide d’une consigne contraignante
 dépasser dans le réinvestissement, le savoir collectif par le recours aux livres, atlas, dictionnaires, sources diverses où il faut faire des choix
 apprendre par la seule motivation d’incitation, sans l’excitation des points, examens etc.
 passer du statut de consommateur d’informations pour réussir des examens, au statut de citoyen qui prend des positions prospectives, les hypothèses sur le futur visant à transformer les mentalités et les actions quotidiennes.

Peut-être contribue-t-on à former un citoyen créatif et engagé...

Charles Pepinster.
Moscou. Janvier 1995,
Stage avec le GFEN.

NB. Cette démarche a été réutilisée par une participante pour ses étudiants à l’Université de St Petersbourg, où est né, comme à Moscou, un Groupe d’Education Nouvelle.

A titre d’illustration, voici un document qui peut servir à animer ce type de démarche pour un fleuve de chez nous