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Le chef-d’œuvre, c’est plutôt chouette !
FLOREFFE, ARRONDISSEMENT DE NAMUR
Article mis en ligne le 15 juin 2012

Projet rassemblant toutes les disciplines, le chef d’œuvre pédagogique ne vise pas la compétition mais plutôt la solidarité et la créativité.

Ils étaient douze cette année à présenter leur chef-d’œuvre avant le grand saut vers le secondaire

Lundi, 8 h 30, tous les élèves de la Maison des enfants, à Buzet, s’installent dans la salle du comité de quartier où Arnaud, les attend derrière une table chargée de livres et devant un écran, sur lequel sont projetés les transparents, pour la présentation de son chef-d’œuvre pédagogique. Elève en 6e année, le garçon accompagné de sa marraine, a choisi de parler des rapaces nocturnes. Un sujet qui le passionne et qu’il maîtrise parfaitement. Diable, cela fait huit mois qu’il planche sur le sujet.

« C’est un long travail qui montre que l’enfant a compris tout ce qui lui a été enseigné, précise Jean-François Manil, l’un des enseignants.

Les enfants disposent d’un guide de 65 consignes pour construire leur exposé qui doit également contenir des aspects interactifs. »

L’exposé qui dure entre une heure et demie et trois heures, est aussi une exposition. Le travail se réalise grâce au soutien d’un parrain ou d’une marraine qui via ses encouragements permet à l’enfant de progresser, mais aussi qui l’aide dans la réalisation du chef-d’œuvre. « Nous devons aussi faire appel aux maths en réalisant un sondage ou des diagrammes camembert, explique Gana, à l’histoire en créant une ligne du temps, au français en réalisant une synthèse qui sera conservée dans la bibliothèque de l’école. »

Cet exercice final est certificatif mais n’est pas noté. La réussite est assurée d’office. Pas question de mettre les enfants en compétition entre eux pour savoir qui a réalisé le meilleur travail. Ce qui compte c’est qu’ils n’ont pas connu le stress, qu’ils ne sont pas fragilisés. "Au contraire on sort grandi, fier car on a pu parler sans crainte devant les autres enfants, mais aussi devant les invités présents à chaque exposé. C’est très chouette car aussi le chef-d’œuvre développe les aptitudes de concertation, de coopération et mobilise toute une série d’apprentissages."

Lutter contre le stress de l’école, et la violence que l’institution elle-même génère, est un grand principe qui sous-tend au succès de la Maison les enfants. « Chez nous pas de leçons de maths et de français, mais des défis de recherche, des ateliers qui combinent les multiples disciplines. Pas de points, pas de·devoirs imposés, ni de bulletins » confie l’inspecteur à la retraite qui a mis au point ce programme.

Une ombre au tableau : les élèves de 6e ne pourront échapper aux épreuves externes du CEB qui sont programmées pour fin juin et pour lesquelles il n’est plus question de solidarité et d’entraide.
« On se doit de respecter le décret, avoue Jean-François Manil. Mais c’est une aberration car ces épreuves sont en contradiction avec les valeurs défendues dans notre école. Pourquoi nous obliger à suivre toutes les autres écoles Ce culte de la performance démolit les enfants et génère pas mal de stress. »

Prix reine Paola

Créée en 1992, la Maison des enfants de Buzet s’est rapidement fait connaître pour sa capacité à réconcilier les enfants en difficulté avec l’école. En 1997, l’équipe éducative a reçu le prix de l’éducation Reine Paola. Une juste récompense.

Les questions fusent

Tout au long de l’exposé d’Arnaud, qui avait pris soin de répéter la veille chez lui devant ses parents et amis, les autres élèves n’ont pas
manqué de poser des questions pour encore en savoir plus ou mieux comprendre. Durant la première partie, le jeune conférencier a ainsi dû répondre à une cinquantaine de questions.

Journal L’avenir, mercredi 13 juin 2012